DIPLOMATIE INTERNATIONALE ET SOCIETE Par Dan Albertini Le drame de Lisée au Québec francophile

12 September 2013

Entre (). Le journaliste aime la galère politique, c’est pour nous de s’exercer sur du bon vieux vin français. Il y aurait de là une loi non écrite qui nous obligent souvent. A force de s’en rapprocher, nous nous projetons politiciens. Pour rectifier le tir. Cependant, la vie a toujours un tournant. Juste après la courbe. Elle n’est pas standard. Fermons les ().

La politique québécoise était-elle définie à l’avance pour le journaliste Jean-François Lisée quand il a viré conseiller politique spécial du PM Parizeau en 1995 ? La date du 4 septembre 2012 était-elle la courbe tracée, pour le tournant du 19 septembre de la même année ? C’en quoi il croyait, n’est tout de même pas ce qui lui arrivera de mieux. Lisée ratissait large au niveau des études internationales, le Canada ne pouvait donc faire défaut. Le Québec trop restreint, trop tricoté serré, pour une telle ambition, tellement plus large qu’un couloir qui risque de finir en impasse. Lisée ne saurait autant mentir, à moins d’avoir soigneusement caché sa passion des frontières d’un temps ancien. Alors là, non et pas du tout, ce n’est pas la fleur de Lisée, mais bien le drame de Lisée.

La vie sous Marois. D’emblée, le drame prend naissance mais les apparences sont trompeuses. D’abord, Lisée n’est pas un homme de parti. Il ne possède pas l’instinct rassembleur ni ne l’en souffrira, c’est un homme de mission, puis un chercheur qui avait pris l’habitude de repousser les frontières de l’infini. Conseiller politique, il pouvait s’évader du fardeau, prétextant la quête de la réplique, toujours plus facile, mais aussi la recherche de l’épingle qu’on ne trouvera ou qu’on devra trouver dans la botte de foins. L’adrénaline trouve son espace, en parallèle avec la compétition et à l’adversité. Sous Marois, finis le héros serein et les émotions collectives de l’époque Parizeau. Ce sont les résultats de l’acteur politique qui comptent, donc les nerfs à l’épreuve d’un électorat tellement frivole quand les problèmes économiques font face. Cependant, il faudrait tout de même admettre que Lisée est à la bonne place dans les relations internationales, mais pas dans le commerce. L’homme n’est pas marchand, encore moins marchand de politique électorale. Mon ancien formateur belge de coach de basketball, René, dirait : << un bon recruteur n’est un bon coach et, c’est un jeu d’équipe >>. J’en rajoute personnellement. Lisée serait souvent hors jeu, c’est la pédagogie du jeu.

Le drame de Lisée. Lisée n’est pas un politicien, il ne souffrira pas non plus l’idée de la soumission à un leadership fagoté. Il se verra mal, sous-fifre, d’autant plus que sous Marois, c’est la minorité ébaubie.
Les failles. Lisée est d’abord bon à voir ce qui est à venir, convaincant, en possession d’un carnet d’adresse, mais pas nécessairement bon à dire où aller. D’ailleurs Parizeau, puis Bouchard. Il y a là pour lui trop de risques pour une équation MORIN, avec un manipulateur tel que Drainville, comme à l’époque de Claude Morin. Le Canada anglais a gardé la même recette d’une époque renouvelée avec des nids d’espions, genre la surveillance dénoncée par Snowden aux Etats-Unis comme plus value. L’école de cet homme est trop forte pour le Québec.qc, car Lisée est un homme qui croie dans les grandes études américaines, mais se trouve malheureusement renfermé dans un gouvernement réduit à sa plus simple expression rhétorique. Un gouvernement qui ne peut lui contenter ni le contenir. Sinon le pousser vers cette laïcité, une simplicité ahurissante de la Charte des Valeurs Québécoises. Avec l’option cachée du pseudo grand tronc culturel de Landry, tellement semblable à la pensée limitée de Parizeau, dans le domaine de la diversité. C’est un gouvernement sans génie, qui le poussera inexorablement vers la faille de Lisée. Ne lui souhaitons pas les coups de bleus à coup de p’tits verres. Secs. Du vieux.
C’est d’ailleurs si vrai que le Québec malgré collé à l’os, aux Etats-Unis, se contente de consommateurs réguliers de bois d’œuvre et ne se présente pas comme un interlocuteur valable ou intermédiaire entre le reste du Canada et les Américains, tandis qu’Israël, si loin, s’impose si tant. Le Québec n’est qu’une simple caisse de résonnance pour la France tentaculaire, en relation avec des fédéralistes monarchistes.

Le danger. La Francophonie africaine comme plat du jour est un menu peu digeste. Allez donc voir les joints venture des quatre ténors de la presse internationale de la Francophonie. SRC, RTBF, RTSR, RFI. Un plat exclusif pour invités sous tutelle. Lisée ne pourra rien y changer, le voudrait-il d’ailleurs ?

Cependant, les économies africaines ne répondent plus à la soumission aveugle à l’étranger. Ce Blanc blond. La compétition rentre de plus en plus avec la diversité chinoise tandis que le Québec ne possède pas les moyens d’un Canada qui déserte de plus en plus. Le vieux lexique Species Plantarum (Carl Von Linné 1753) de la politique est complètement dépassé. Le poids affaibli de la Blanche francophonie au milieu des Noirs majoritaires ne conviendra pas longtemps à Lisée. Car le parler africain va peser de plus en plus lourd dans ce giron, pour un journaliste de cœur et de foi, tel que Lisée. Ce n’est pas vrai que Lisée politicien saura résister. Celui qui pouvait se permettre des analyses critiques controversées, sans frais, cachées dans leur essence même, finira par sortir de ses gonds politiques. Il ne suffisait pas de s’appeler << Robin des banques >>, pour que l’autre frère soit… !

Le danger qui attend Lisée est sérieux. La faute viendra de l’idiotie d’un certain militantisme haïtien au PQ. Les pauvres qui se croient obligés de crucifier un frère noir pour se vouloir << bon militant péquiste d’appartenance >>. Déception, défaite et préjugés vont se mêler. Juda et division. Ce qui soit dit en passant dans ce contexte, lorsque Lisée parle de firmes de génie conseil québécois, la charte des valeurs québécoise ne manque pas de rappeler à l’Afrique, ce génie évincé du Code noir, par Haïti. Car, l’extension technologique avancée offre aussi la référence des déboires de firmes telles que SNC-Lavalin et autres, impliquées dans des scandales locaux et internationaux. Ce qui me pousse à me poser la question suivante : les Haïtiens sont-ils réellement bienvenue au PQ ? Pour le militantisme ou pour renforcer la voie comme opposition (de peur de réaliser l’indépendance promise) ? En effet, le problème de réélection du parti en bloc majoritaire et les compromis comme par exemple avec le député Bernard Drainville causeront problème.

La réalité. Le défi québécois qui consistait à faire élire une femme au rang de PM, est relevé. Il va falloir faire mieux pour gouverner. Lisée ne pourra soutenir ne pas le voir ainsi aussi, avec la rigueur de sa plume d’actualité. C’est là une souffrance qu’il ne pourra endurer, à moins d’un léger prestige ministériel convoité, juste pour des émotions. Si c’était ça l’homme c’est triste pour le Québec. A moins d’une expertise recherchée comme atout supplémentaire pour son journalisme.
Je crois personnellement Lisée capable de plus. Son drame c’est de n’avoir pas su s’adapter à la chute de Parizeau et de rester accrocher suspensif dans l’anti canadien par défaut. Alors que sa vraie place serait celle de Baird aux Affaires étrangères. Car, le commerce international ne propose pas de barrière francophone ni de charte d’un Québécois fondamental émerveillé. Par les Planes d’Abraham avouons-le. En effet, la Chine d’il y a trente ans de cela ne serait pas là où elle se trouve aujourd’hui. L’Inde non plus. L’Afrique d’aujourd’hui voit beaucoup plus loin que le Québec de Marois. Il le dit lui-même, sous une autre forme. Sinon, ce serait pour Lisée, rester au stade d’un Quai Colomb ignorant l’évincement du génie du Code noir.
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