Jeudi 13 juin, deux pétroliers, japonais et norvégien, ont été pris pour cibles en mer d’Oman, à la sortie du golfe Arabo-Persique. L’attaque survient un mois et un jour après le sabotage de quatre navires en face de l’émirat de Foujeyra.

18 June 2019

« Les Etats-Unis considèrent que la République islamique d’Iran est responsable des attaques survenues aujourd’hui dans le golfe d’Oman. Cette conclusion s’appuie sur des renseignements, sur les armes utilisées, sur le niveau de savoir-faire nécessaire pour mener à bien l’opération, sur les attaques iraniennes analogues et récentes contre la marine marchande, et sur le fait qu’aucune organisation à la solde d’une puissance, dans la région, ne dispose des ressources et de l’efficacité requises pour passer à l’acte avec un tel degré de complexité,” », a déclaré le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo à la presse. Le 12 mai dernier, déjà, Washington avait accusé Téhéran d’être responsable d’une attaque qui avait visé quatre pétroliers dans le secteur.

Dans un communiqué émanant de la représentation iranienne auprès des Nations Unies, l’Iran, qui a rejeté l’« accusation infondée des Etats-Unis,” et exprimé ses « inquiétudes » après des « incidents suspects ». Dans un premier temps, Téhéran avait parlé d’« accident » et indiqué avoir porté secours à « deux tankers étrangers » en mer d’Oman. « Quarante-quatre marins ont été sauvés des eaux par une unité de secours de la marine de la province d’Hormozgan et transférés au port de Bandar-é Jask »,

L’armée américaine a publié une vidéo montrant une patrouille des Gardiens de la Révolution islamique (GRI), le corps d’élite de l’armée iranienne, retirant une mine-ventouse qui n’avait pas explosé sur une paroi de l’un des deux tankers attaqués jeudi dans le golfe d’Oman.

Cet incident survient alors que Shinzo Abe, le premier ministre japonais, a rencontré Ali Khamenei, le Guide suprême de la Révolution iranienne, au deuxième jour d’une visite inédite à Téhéran au cours de laquelle il a appelé la République islamique à « jouer un rôle constructif » au Moyen-Orient.

Le Japon est un allié de Washington, ennemi juré de la République islamique, mais entretient traditionnellement de bonnes relations avec l’Iran. En 2018, les Etats-Unis ont quitté unilatéralement l’accord de 2015 conclu à Vienne sur le nucléaire iranien puis rétabli et renforcé des sanctions contre Téhéran.

La France a appelé l’ensemble des acteurs concernés « à la retenue et à la désescalade » et rappelé son attachement à la liberté de navigation, a déclaré, jeudi, la porte-parole du Quai d’Orsay.

Le ministre des affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, accusait quant à lui Washington de « sabotage diplomatique ». Il jugeait plus que « suspectes » ces attaques, survenues le jour même de la visite à Téhéran du premier ministre japonais, Shinzo Abe, mandaté par la Maison Blanche pour ouvrir un canal de discussion avec Téhéran. M. Zarif suggérait à demi-mot, qu’aux Etats-Unis ou chez ses alliés au Proche-Orient, (Arabie saoudite, Emirats arabes unis ou Israël, des faucons auraient pu orchestrer ces attaques, afin d’empêcher toute désescalade dans le Golfe, ou à déclencher une guerre avec l’Iran.

Celhia de Lavarene
14 juin 2019