La 74ème session de l’Assemblée générale de l’ONU

1 October 2019

La 74ème session de l’Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte le 24 septembre à New York, « dans un climat d’instabilité internationale » -selon le Ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et s’est achevée le 30 septembre. Pas moins de cent Chefs d’état, trois Vice-présidents, quarante sept Chefs de gouvernement, cinq Vice-premiers ministres et trente six Ministres avaient fait le déplacement afin de faire entendre, l’espace d’un discours d’une quinzaine de minutes, voire plus parfois, la voix de leur pays.

Le sommet sur le climat :
Il a débuté un jour avant le débat général, 23 septembre. Il avait pour but de dynamiser l’action mondiale contre le changement climatique en faveur du développement durable, avec en ligne de mire, l’atteinte des objectifs du développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Soixante trois pays avaient été choisis en fonction des progrès qu’ils avaient accomplis dans ce domaine. Des critères qui n’ont pas eu l’heur de plaire à tous les pays dont la Chine, qui s’est élevée contre une telle sélection et a fermement rappelé au Secrétaire général que Pékin participait pour une large part au budget du sommet. Résultat : des pays qui font des efforts en matière de climat évincés du sommet, cependant que la Chine, un des pays parmi les plus pollueurs, parvenait à se faire inviter.

Le chahut :
Alors qu’il exhortait les chefs d’état à gagner leur siège, le nouveau Président de l’Assemblée générale, le nigérian Tijjani Muhammad-Bande a eu la surprise de constater que ces derniers se conduisaient comme des enfants indisciplinés. Agacé, il a utilisé son maillet une bonne dizaine de fois avant que les récalcitrants se résignent à prendre place.

Les discours qu’on ne manquerait sous aucun prétexte :
- celui de Donald Trump, qui n’a jamais caché son désintérêt pour l’Onu mais néanmoins tient à participer à la grande messe médiatique, figure largement en tête.

Cette année, deux dossiers brûlants ont émergé : le conflit avec l’Iran et la guerre commerciale avec la Chine. Bien qu’il soit sous le coup d’une demande de destitution de la part de Nancy Pelozi, la Présidente de la Chambre des Représentants, le président américain n’a pas manqué, -clin d’œil à l’attention de son électorat- de rappeler que son crédo est toujours « America First».
- celui du Président iranien Hassan Rohani. Face à une crise économique intérieure sévère causée entre autre, par les sanctions américaines, Rohani a tenté de faire feu de tout bois afin de rallier des alliés à sa cause. Son pays, accusé d’être à l’origine des attaques de drones sur les usines saoudiennes de traitement du pétrole, risque -trois ans après la signature des accords sur le nucléaire-, d’être mis, une nouvelle fois, au ban des nations.

La surprise :
Elle est venue du Président du Salvador, Nayib Bukele qui a sorti son portable pour faire un selfie sous l’œil médusé des pays participants. « Personne n’écoutera mon discours alors que mon selfie sera vu par des centaines de personnes, » a-t-il déclaré, avant de prononcer son discours.

Les moments forts :
C’est une petite phrase prononcée par le président français qui a semé la confusion parmi les membres de la presse et les diplomates : il a demandé que le mandat de la mission au Mali, (MINUSMA) soit placé sous chapitre 7 -qui implique l’usage de la force si nécessaire-. Or la MINUSMA est déjà sous chapitre 7.
C’est aussi Sergueï Lavrov, le Ministre russe des Affaires étrangères, furieux que les Etats Unis aient refusé d’octroyer une dizaine de visas à des membres de sa délégation, qui a évoqué la question du déménagement du siège de l’Onu.

La rumeur :
Celle d’une possible rencontre entre Donald Trump et le président iranien a tenu la communauté internationale en haleine, d’autant que le président français se posait en médiateur, courtisant le président américain, rencontrant l’iranien Rohani à deux reprises. « Je ferai tout pour que les conditions de discussions se créent, à la fois pour qu’il n’y ait aucune escalade dans la région », avait-il dit. Les échanges téléphoniques n’ont pas eu lieues, en dépit de toutes les précautions prises. Le leader suprême Ali Khamenei, le véritable homme fort de Téhéran n’a pas donné son accord.

Les forums :
Les 24 et 25 septembre, une centaine de chefs d’état ont participé au Forum politique pour le développement durable, suivi le 26 septembre par le dialogue sur le financement du développement, et la réunion consacrée à l’élimination totale des armes nucléaires. La dernière réunion, le 27 septembre, fut consacrée à l’examen des modalités d’actions accélérées des petits Etats insulaires en développement.

Les priorités :
La ‘révolution numérique’. Les États ont mis l’accent sur le potentiel de la technologie pour aider (solutions au changement climatique, accès à l’éducation, etc.) et/ou nuire (propagation de discours haineux, cyber armes, etc.) non seulement les utilisateurs un peu partout dans le monde, mais aussi aux Etats.
Les règlements de compte :
Un must. De nombreux États profitent de l’occasion qui leur est offerte pour régler leur différents avec d’autres pays lors de leur passage à la tribune. Cette année, l’Iran et les États-Unis, la Colombie et le Venezuela, n’ont pas dérogé à la règle.

Celhia de Lavarene
1er octobre 2019