A l’occasion du 102e anniversaire de la naissance de Nelson Mandela célébré le 18 juillet dernier à Johannesburg, le Secrétaire général de l’ONU a fustigé les inégalités et déploré la grande fragilité du monde d’aujourd’hui. Il a surtout relevé que les 26 personnes les plus aisées de la planète détiennent autant de richesses que la moitié de la population mondiale

14 July 2020

La pandémie de Covid-19 pourrait faire basculer 100 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté, mettant en lumière «la fragilité de notre monde» inégalitaire. C’est ce qu’a déclaré le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lors d’une conférence virtuelle organisée par la Fondation Mandela basée à Johannesburg. «Nous avons été mis à genoux par un virus microscopique. La pandémie a démontré la fragilité de notre monde», a-t-il dit. «Des régions entières qui avaient fait des progrès dans l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités ont, en l’espace de quelques mois, reculé de plusieurs années».

Avec la pandémie, qui a fait plus de 590 000 morts, le monde «est confronté à la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale». Pour le Secrétaire général de l’ONU, le Covid-19 a mis en lumière les risques que nous avons ignorés depuis des décennies: des systèmes de santé inégalitaires et la crise du climat. La pandémie «opère comme une radio, révélant les fractures du fragile squelette des sociétés que nous avons construites. Elle met en évidence les idées fausses et les mensonges: le mensonge que le marché libre peut fournir des soins médicaux à tous, la fiction que le travail non rémunéré des soins à la personne n’est pas du travail, l’illusion que nous vivons dans un monde post-raciste, le mythe que nous sommes tous dans le même bateau», a-t-il ajouté. «On flotte tous sur la même mer, mais certains sont sur des supers yachts, tandis que d’autres se cramponnent à des débris flottants», a-t-il expliqué, cependant qu’il rappelait que 26 des personnes les plus aisées de la planète détiennent à elles seules autant de richesses que la moitié de la population.

«Le Covid-19 met en lumière ces injustices», en frappant en premier lieu «les plus vulnérables. Les ressources ne sont pas les seuls moyens de mesurer les inégalités. La chance des gens dans la vie dépend de leur sexe, de leurs origines familiales et ethniques».

Le Secrétaire général de l’Onu a mentionné le mouvement antiraciste né de la mort de George Floyd, un Américain noir tué par un policier blanc en mai aux Etats-Unis, comme étant «est un signe supplémentaire que les gens en ont assez. Ils en ont assez des inégalités et de la discrimination qui traite les gens comme des criminels sur la base de la couleur de leur peau ». Il a par ailleurs appelé les dirigeants à construire "un monde plus égalitaire et plus durable". “Nous sommes à un tournant, a-t-il averti”.

Celhia de Lavarene
Juillet 2020