DIPLOMATIE INTERNATIONALE ET SOCIETES La refondation des relations « Francafrique » par François HOLLANDE. Par Roch Alfred KIKI (BENIN)

19 October 2012

La France et l’Afrique entretiennent des relations de vieilles dates. Ces relations aussi obscures et inimaginables qu’elles soient le plus souvent ne sont jamais appréhendées par le commun des mortels. Ce qui suscite des questionnements. François Hollande, président d’une France résolument engagée dans les reformes avec ses partenaires, veut écrire une nouvelle page de l’histoire. L’initiative est louable et la communauté internationale se demande jusqu’à quel point l’actuel président français veut aller.

Le trio France 24 ; TV5 Monde et RFI

Les journalistes de ces trois chaines pré-citées ont accordé une interview au président français ce vendredi 12 octobre 2012. C’est une occasion pour François Hollande d’accoucher sa vérité et de confirmer sa vision politique à l’égard de l’Afrique.

Une nouvelle donne semble être donnée à la fameuse relation « Francafrique ». Finir avec du sensationnel qui à longtemps caractérisé la relation « Francafrique » apparait comme une action qui s’impose à l’actuel président français. Et pour cela Monsieur Hollande avance les allégations suivantes lors de l’interview :
"Les temps ont changé", a dit François Hollande.
"La France est maintenant à la fois désireuse de respecter ses interlocuteurs et en même temps de leur dire la vérité", a-t-il ajouté. "C’est une nouvelle politique qui est en train de se définir. Nous avons du respect, nous avons de la considération, mais en même temps on se dit les choses."

Se dire les choses apparait ici comme s’armer de courage pour dire que c’est mauvais lorsque c’est réellement mauvais. A titre illustratif évoquons la volonté manifeste et le courage notoire du président français par lequel il dénonce les actes anti-démocratiques qui prévalent au Congo démocratique.

En juillet 2007, Nicolas Sarkozy dans la capitale sénégalaise prononçait un discours controversé que François Hollande n’entend pas venir corriger. "L’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire", déclarait l’ancien locataire de l’Élysée, provoquant une polémique sur le regard porté par la France sur le continent et ses anciennes colonies. C’était une insulte à l’intelligentsia africaine. Cette Afrique qui a et jusqu’à ce jour, contribue énormément à la construction de la France ne pourrait pas être réduite à ce point. Les dommages causés devraient être réparés. Mais Hollande n’envisage pas faire un discours de réparation ou d’excuses.

Au Sénégal,
François Hollande s’insurge contre une politique controversée de son prédécesseur en affirmant :
‘’Je ne viens pas pour faire un discours pour effacer un précédent ou pour réparer des erreurs de quelqu’un’’.
‘’Je viens pour écrire une nouvelle page de l’histoire. Je viens pour signifier qu’il est temps qu’un Regard nouveau soit porté sur l’Afrique car elle est le continent de la croissance’’.
Il rajoute en disant ‘’ Faire avancer les dossiers du continent africains en définissant une nouvelle politique basée sur la transparence et le respect’’. Ce sont autant de choses qui préoccupent le président français. Mais Hollande ne manque pas de partager avec ces autorités sénégalaises la position de la France par rapport à la guerre au Mali. Le Mali était également donc au cœur des sujets abordés.

Sur le Mali
Autrefois, nous avons posé la question de savoir dans l’un de nos précédents articles sur le Mali : Quelle formule pour sauver le Mali de cette tragédie ? Monsieur Hollande, président de la République française semble trouver la réponse à notre question. Mais nous demeurons réticents car nous nous demandions si elle est la meilleure ?

François Hollande n’entend faire aucune négociation avec des mouvements terroristes. Démocrate qu’il soit et aux valeurs nobles qu’il prétend partager, il refuse toutes discussions avec AKMI et les autres formes d’organisation terroristes présentes dans le nord du Mali. Pour lui, ceux qui détruisent des monuments jusque là considérés comme patrimoine de l’humanité, sont des ennemis à combattre. Et pour cela il est porteur d’un projet de vote de résolutions sur le Mali au Conseil de sécurité de l’ONU. Il souhaite que l’ONU autorise en votant pour une intervention militaire dans le nord du Mali. Il précise qu’il ne s’agit pas à la France de mettre en place cette force car la France n’enverra aucune force militaire ou des hommes pour combattre les terroristes mais elle apportera un appui logistique. Il revient à la CEDEAO de définir la stratégie de guerre nécessaire pour que l’opération connaisse un succès.

Le débat était également porté sur la vie des otages français. Et pour Hollande, leur vie n’est en aucun cas menacée. Il se permet également de rappeler aux terroristes du nord Mali les deux devoirs auxquels ils doivent s’adonner.
Le 1er consiste à libérer les otages français et le second à libérer aussi le Mali. Pour lui, ces décisions prises ne positionne pas la France dans la cible des terroristes occupant le nord du Mali mais aussi ceux d’ailleurs.

Au Congo Démocratique

An village de la francophonie, s’est tenu le samedi 13 octobre 2012, le XIVe sommet de la Francophonie dans la capitale de la République Démocratique du Congo. Lors de ce sommet, François Hollande a dit, la vérité de la démocratie et non celle de la France. Ce président rêve d’une nouvelle Afrique, une Afrique épanouie et ambitieuse et non une Afrique qui est tout le temps dans les guerres et les coups d’état.
La République Démocratique du Congo au regard de la Communauté Internationale, vit une situation inacceptable sur le plan des droits de l’homme. Les scènes atroces qui se produisent au du Congo démocratique écœurent le président français. "La situation de ce pays est tout à fait inacceptable sur le plan des droits de la démocratie et de la reconnaissance de l’opposition."
Ce regard porté par l’Hexagone sur le Congo démocratique amène le clan de Kabila a dit que le chef de l’Etat français est sous informé. Mais l’opposition par son chef de feel Etienne Tshisekedi félicite le courage de Hollande. Pour avoir surtout reconnu qu’au Congo les droits de l’homme et de l’opposition ne sont pas respectés.
Ce que pense la rue du discours de François Hollande
Généralement le discours de Hollande ne semble pas convaincre les habitants de Kinshasa. Toujours les discours mais cette fois-ci nous voulons des actes. Son discours n’a pas passionné le village de la Francophonie. L’un de nos envoyés spéciaux sur place à pris le pool des congolais à propos de ce sommet. Il faut noter d’abord un désintéressement total des congolais à propos de ce sommet. Ce sommet ne préoccupe par l’homme de la rue. Son souci est ailleurs car les discours le plus souvent ne changent rien.
« Il a annoncé la fin de la Françafrique, comme son prédécesseur, d’ailleurs. Les mots sont justes mais le plus important, ce sont les actes », souligne un habitant de kinshassa. « C’est un discours fantastique, pense Clément, chauffeur, il a dit de belles choses sur notre avenir. » « François Hollande a essayé d’améliorer les relations entre l’Afrique et la France, c’est très bien, ajoute Taylor, un commerçant. « C’est toujours pareil, nuance Joël, un inspecteur de l’enseignement primaire. Les présidents occidentaux affirment nous respecter, vouloir notre bien, nous tendre une main fraternelle et franche… mais rien ne change vraiment pour nous. Cela sera-t-il différent aujourd’hui ? Je l’espère pour nous. »

Manifestement, en cette fin d’après-midi kinoise, le discours de François Hollande adressé à l’Afrique est passé totalement inaperçu dans ce village africain dédié tout entier à la Francophonie. Le vœu de tous est que cette volonté s’accompagne d’actes réels pour véritablement changer la donne en Afrique.

rochkiki@yahoo.fr