Une fois de plus, vendredi 10 janvier, les membres du Conseil de Sécurité de l’Onu ne sont pas parvenus à trouver un consensus

14 January 2020

Vendredi 10 janvier, les membres du Conseil de Sécurité de l’Onu ne sont pas parvenus à trouver un consensus pour ce qui concerne le nombre des points de passage transfrontaliers permettant l’acheminement de l’aide humanitaire vitale pour les 4,3 millions de syriens dans le nord du pays. Onze membres du Conseil de sécurité ont voté en la faveur de la résolution, alors que Russie, Chine, Etats-Unis et Grande-Bretagne se sont abstenus –pour des raisons différentes.

C’est un véritable bras de fer qui a opposé les russes –qui soutiennent le régime de Bachar Al-Assad-, à la Belgique et à l’Allemagne, les deux “porte-plume” de la résolution, à l’issue de négociations ardues qui se sont poursuivies jusqu’à quelques minutes avant l’adoption de la résolution et à quelques heures de l’expiration du mandat du programme d’aide. Le texte final soumis au vote, et plusieurs fois amendé, ne prévoyait plus le renouvellement que de deux points de passage avec la Turquie, et ce pour une durée de six mois, contrairement aux recommandations du bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU qui aurait souhaité le renouvellement des autorisations de passage en quatre points et pour une durée d’un an.
Perturbés par la perspective d’un veto russe et chinois, -lesquels avaient apposé leur veto le 20 décembre dernier- qui auraient de facto signifié non seulement la fermeture des quatre points de passage existants, mais auraient privé les 4,3 millions de syriens de l’aide humanitaire dont ils dépendent, les occidentaux ont fait des concessions qui ne les ont pas satisfaits: “…Nous regrettons profondément qu’il n’ait pas été possible de se mettre d’accord sur l’extension du troisième point de passage à Al Yarubiyah, essentiel pour l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier de l’aide médicale, aux populations du nord-est de la Syrie…” ont déclaré les deux “porte-plumes” à l’issue de la séance du Conseil.

“Les Russes aiment à dire, et l’ont dit devant la presse aujourd’hui, que l’aide humanitaire vient de l’intérieur de la Syrie, de sorte qu’il n’est pas nécessaire de traverser la frontière. Ce n’est pas, Monsieur le Président, l’évaluation de l’ONU Ce n’est pas non plus l’évaluation des ONG humanitaires respectées, comme l’IRC, qui finance Save the Children. Et je doute fort que ce soit l’évaluation des 1,4 million de personnes dans le nord-est de la Syrie qui comptent sur cette aide”, a déclaré, visiblement furieuse, la représentante permanente de la Grande Bretagne, Karen Pierce, cependant que la représentante permanente américaine, Kelly Craft déclarait: “des syriens vont mourir à cause de cette résolution. Je vais être très claire: la Fédération de Russie sera responsable des conséquences.”

« Il s’agit de vies humaines, pas de notre contentement à nous ici au Conseil, a déclaré Dian Triansyah Djani, l’ambassadeur indonésien à l’issue du vote. Nous sommes tous mécontents. » « Un convoi d’une dizaine de camions devait passer par ce point ces jours-ci, s’est pour sa part, inquiété l’ambassadeur belge Marc Pectseen de Buytswerve. « Nous espérons que Moscou et Damas le laisseront passer.»

Moscou, qui s’est emparée du dossier syrien depuis que l’administration Obama a décidé de s’en dessaisir, critique ce mécanisme censé être ‘exceptionnel’. Pour Vasily Nebenzya, le représentant russe, Bachar Al-Assad ayant repris le contrôle de la majorité du territoire de son pays, ces points de passage ne sont plus nécessaires et sont, une atteinte à souveraineté nationale de la Syrie.

« Il est plus que regrettable que les Russes aient politisé cette résolution à caractère humanitaire, alors qu’ils l’ont votée et renouvelée depuis 2014», a affirmé la représentante britannique Karen Pierce. « C’est l’hiver. Cette résolution est une réponse inadéquate aux besoins des Syriens. Ils vont souffrir inutilement à cause de cette résolution, » a affirmé l’ambassadrice américaine Kelly Craft.

Le Conseil de sécurité a demandé au Secrétariat général de l’ONU de trouver des alternatives pour la distribution de médicaments d’ici fin février. Une tâche difficile puisque jusqu’à présent, la Syrie refuse que l’aide médicale passe pas Damas.

Celhia de Lavarene
10 janvier 2020