Les droits de l’homme de moins en moins universels
Atteintes aux libertés; répression brutale des mouvements sociaux, violations des droits humains délibérées et répétées contre des populations civiles, journalistes arrêtés, emprisonnés, torturés, tués, disparitions forcées, montrent s’il en était encore besoin, combien les droits de l’homme ne sont pas la préoccupation première de nombreux gouvernements à travers le monde. De fait, les droits de l’homme de moins en moins universels.
"Les violations des droits de l’homme, la misogynie et l’exclusion sont généralisées et systématiques. L’inégalité s’accroît et les discours de haine empoisonnent le débat public, » a déclaré Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU qui a ajouté que la crise climatique, l’urbanisation et les conflits sans fin privent des millions de personnes de leurs droits et libertés fondamentaux. Des propos corroborés par Michelle Bachelet, Haut Commissaire aux Droits de l’homme: "Nous devons tous nous lever pacifiquement pour réaliser un monde de droits, de dignité et d’opportunités pour tous. Avec force et détermination, défendons les droits de l’homme
Pour le Secrétaire général de l’ONU, ce sont les jeunes qui défendent le mieux les droits de l’homme. Ce sont les jeunes qui sont en tête de la lutte pour un avenir meilleur. “Partout, ils marchent contre la corruption, la répression et l’inégalité, et pour les droits de l’homme et la dignité humaine. Les jeunes sont en première ligne de l’action contre l’urgence climatique, qui constitue une grave menace pour les droits de l’homme et la vie humaine.”
Chaque jour, la liste des violations des droits humains dans le monde s’allonge. De plus en plus de pays sont dirigés par des gouvernements ouvertement racistes, ouvertement misogynes qui prônent des discours de haine, utilisent les brimades, nient le changement climatique. Le populisme et le nationalisme sont en hausse brandis comme des trophées par des dirigeants politiques indifférents aux besoins de leurs sociétés, lesquelles réduites depuis trop longtemps au silence, finissent par se soulever.
A l’heure où des populations manifestent en Iran, en Algérie, au Chili, en Irak, en Bolivie, en Equateur, a Hong-Kong, au Liban, en Egypte, en Guinée, en quête de plus d’égalités, de libertés, de moins de corruption et sont réprimées de façon brutale par des états plus préoccupés par le pouvoir que par le bien de leur peuple, quel bilan peut-on tirer en 2019 des droits de l’homme ?
Au cours de l’année écoulée on a observé un net recul des libertés et des droits sociaux dû notamment à l’obsession sécuritaire de certains dirigeants. La présomption d’innocence n’est pas voire peu respectée. Les libertés individuelles sont atteintes en raison de la multiplication des moyens de surveillance. La surveillance policière est beaucoup plus importante qu’avant et les droits des étrangers ont reculé de façon inquiétante et les organisations de défense des droits humains sont sans cesse menacées.
La Cour pénale internationale, les procédures spéciales et les organes conventionnels des Nations Unies, ou encore les mécanismes régionaux des droits humains, sont menacés du fait de leur dépendance budgétaire vis-à-vis des États membres qui parfois les pénalisent en les privant de leur cotisation financière. Bien souvent, leurs recommandations ne sont ni mises en œuvre, ni respectées par les États membres, au prétexte de la souveraineté de ces derniers. (La fameuse interférence dans les affaires intérieures d’un pays.)
Célhia de Lavarène,
décembre 2019