OTHELLO ou A DOUBLE LIFE DE GEORGE CUKOR

2 December

Le film OTHELLO ou A DOUBLE LIFE DE GEORGE CUKOR, c’est un grand cru que ce film datant de 1947, projeté ce jour, pour les 38 èmes rencontres cinématographiques de Cannes, sur la Côte d’azur de la France !

Le drame joué par le resplendissant Ronald COLMAN avait reçu l’Oscar du meilleur acteur. Véritable petite pépite hollywoodienne, cela fait dire pourquoi on ressent du respect pour le cinéma de la ville d’Hollywood, de sa grande époque après-guerre.

On connait sans conteste les films de Cukor, entre autres : My Fair Lady de 1964, ou bien encore Une Etoile est née de 1954 (rien à voir avec A Star is born avec Lady Gaga, pour sa quatrième version) je nommerai ici également Indiscrétions (1940).

George Cukor est né à Mahattan et dans les années 1920, il est metteur en scène de théâtre à Broadway, y est reconnu mais il acceptera la proposition de la Paramount quand Hollywood commence à recruter les talents new-yorkais un peu avant 1930.

De là vient la présence du théâtre dans ses films, plus tard, dans Othello, le mélange est une réussité totale. La richesse du cinéma au service des mots de Shakespeare sans lasser le spectateur qui n’a pas la chaleur de la présence des comédiens sur scène car cela est remplacé par les frissons apportés par un thriller (à la Columbo ! série de télévision policière encore appréciée de nos jours, de Los Angeles plus récente)

Là, c’est un attaché de presse qui amène par la presse à la recherche policière! L’aile anglaise de l’Amérique est présente dans le film dans son style un peu compassé cotoyant l’allure plus relaxée américaine ; tout cela faisant le style du jeu américain, les gestes des acteurs, le tempo de leurs déplacements, les relations entre les actrices et les acteurs qui se frôlent dans des rapports entre femmes et hommes plus naturels, désormais.

A pas d’heure, l’acteur déclame encore "Que le ciel, les hommes et les démons, qu’ils crient tous à la honte contre moi, je parlerai. Je t’ai embrassée avant de te tuer : il n’y avait pas d’autre issue, me tuer, mourir pour un baiser" Dans la nuit, après le spectacle, Shakespare poursuit encore ce pauvre Anthony Jones, le personnage comédien qui se métamorphose brillamment.

Il a la capacité de passer de rôles de comédies légères avec charme à un personnage de Shakespeare, qui deviendra pathétique dans la vie réelle mais demandera à ce que la critique continue de dire qu’il était un grand, un bon acteur, après le drame sans entacher sa vie d’artiste. Ce qui est la vérité.

Il a hésité à accepter le rôle sachant la fragilité de son mental d’acteur et les connections avec sa vie privé dont il souffre mais il l’acceptera pour son plus grand malheur car le drame dans la vie, dans Skakespeare et dans toute histoire policière, c’est le satané passage à l’acte.

On peut déclamer tout ce que l’on veut, dans la vie ou sur scène, faire rire ou peur, avoir des tendances homosexuelles... comme son auteur qui fera son "coming out" à la fin de sa vie ! cela n’a pas d’importance car sans incidence, c’est du domaine du jeu mais le passage à l’acte ? ... s’il y a meurtre.

C’est le passage à l’action. C’est le drame. Ainsi on condamne l’acte, pas la personne qui a commis l’acte pour ne pas cautionner la vengeance. Pour en revenir à l’affaire, la presse =croyant faire un bon mot, en première page en fera son titre " The kiss of Death" parcequ’on n’a noté sur le cadavre aucun signe de strangulation mais d’autres signesen revanche, sur la bouche...passionnels... ce fut un crime passionnel.

Est-ce sa femme qu’il va tuer, et bien non une innocente plutôt, le refuge de tous ses fantasmes et de ses déséquilibres. Quels mélanges d’intensité passionnelle trouvés dans ce film ! un drame si humain exprimé à la perfection grâce aux mots du théâtre et à la réalité permise par le cinéma. C’était une grande époque, l’époque hollywodienne. On aura aussi des westerns hollywoodiens, intensément américains aussi bien sûr mais c’est une autre histoire...

Véronique Vesval.