Le Festival du Film Libanais de France, une cinquième édition sous le signe du mouvement et de la mémoire

8 October

Cinq ans déjà que le Festival du Film Libanais de France s’est imposé comme un espace rare de circulation des images, des voix et des sensibilités venues du Liban. Depuis sa création, l’événement a tissé un dialogue fécond entre Paris et Beyrouth, offrant à voir un cinéma en perpétuel renouvellement, porté par des auteurs qui racontent, à travers la fiction ou le documentaire, les fractures, les désirs et les résistances d’un pays éprouvé.

Cette cinquième édition, qui s’ouvre dans un contexte international marqué par la guerre et les violations persistantes du droit international à Gaza, revendique un engagement clair. Le Festival s’associe aux voix qui dénoncent les crimes commis contre le peuple palestinien et affirme, à sa manière, que le cinéma reste un outil de résistance, de mémoire et de transmission.

Plusieurs programmations spéciales sont ainsi consacrées à Gaza, à l’occupation du Sud-Liban et aux représentations de la guerre. Archives, films restaurés et documentaires inédits y dialoguent pour raconter les blessures de l’histoire, mais aussi les gestes de survie et de création qui s’y inscrivent.

Près de cinquante films composent cette édition 2025, articulée autour de deux grands axes : « Société » et « Mémoires ». Le premier explore les transformations sociales, les identités plurielles et les réalités contemporaines du monde arabe ; le second remonte le fil de l’histoire et des mémoires régionales à travers quatre focus, où se mêlent patrimoine et matrimoine cinématographique. Ensemble, ces deux volets rappellent que le septième art demeure un levier de conscience et un antidote à l’amnésie collective.

Le parrain de cette édition n’est autre que Wissam Charaf, figure majeure du cinéma libanais contemporain. Réalisateur d’« Dirty Difficult Dangerous » et de « Heaven Sent », Charaf incarne ce cinéma de l’entre-deux : à la frontière du tragique et de l’absurde, mêlant humour, poésie et humanité. Une séance spéciale lui est dédiée, ainsi qu’un master class sur la mise en scène du réel, entre fiction et documentaire, une thématique centrale du cinéma libanais actuel.

Le jury international, présidé par Wissam Charaf, réunis Katia Khazak, Georges Schoucair, Sabrine Ghannoudi, Bernard Payen, Romy Choueiri et Mohamad Abdouni, sept personnalités venues de France, du Liban et, pour la première fois, de Tunisie, signe de l’élargissement régional du Festival et de son ambition méditerranéenne.
La compétition des courts métrages se distingue par la diversité et l’audace de sa sélection : des œuvres qui interrogent les questions de genre, d’écologie, de féminisme ou de deuil, avec une attention particulière portée à la jeune création étudiante.

Au-delà des projections, cette cinquième édition rend hommage à celles et ceux qui, malgré les crises, continuent de filmer, de témoigner et de rêver. Ces cinéastes en mouvement rappellent que le cinéma libanais, bien qu’issu d’un pays en tension, demeure traversé par un souffle vital, celui de la création face à l’adversité.
Car si le cinéma est avant tout un regard posé sur le monde, le Festival du Film Libanais de France se veut un espace de dialogue, un lieu où se croisent les mémoires, les imaginaires et les luttes. En ces temps d’incertitude, il rappelle, avec force et sensibilité, que les récits ont le pouvoir de transformer nos perceptions et peut-être, nos destins.

Fatima Guemiah